Réflexion personnelle et professionnelle sur l’intelligence artificielle et notre dépendance croissante aux machines :
Introduction
Vendredi soir, j’étais chez des amis et lors de nos conversations banales et loin de nos mondes professionnels, j’ai été frappé de constater que même des personnes qui ne sont pas dans mon domaine, transformaient complètement le leur l à cause de ChatGPT, et Chat GPT n’est qu’un petit bout de l’iceberg visible de l’IA.
Impact de l’IA sur le quotidien
Mon amie m’a confié utiliser ChatGPT pour rédiger ses e-mails, améliorant sa productivité mais diminuant sa capacité à écrire de façon autonome. Un autre exemple frappant est celui d’un cabinet d’avocats qui utilise ChatGPT pour toute sa rédaction et vérifications des documents juridiques simples, réduisant ainsi leur réflexion personnelle.
Débuts et évolution de l’IA
Cela m’a poussée à réfléchir sur les débuts de l’intelligence artificielle et ses premières interactions avec les humains. Comment cette dépendance envers l’IA a-t-elle évolué avec le temps ?
L’histoire de l’intelligence artificielle (IA) débute dans les années 1950 avec des recherches théoriques et des expérimentations sur la simulation de l’intelligence humaine. Durant les décennies suivantes, l’IA connaît plusieurs périodes d’essor et de ralentissement (appelées « hivers de l’IA ») en fonction des avancées technologiques et du soutien financier. À partir des années 1990 et 2000, avec l’augmentation de la puissance informatique et le développement de l’apprentissage automatique, notamment les réseaux de neurones profonds, l’IA fait des progrès significatifs. Jusqu’en 2023, l’IA s’intègre de plus en plus dans des applications quotidiennes, allant des assistants personnels aux systèmes complexes de prise de décision, marquant une évolution constante et rapide depuis ses débuts.
Même si aujourd’hui elle dépend encore des humains, je m’interroge sur la nécessité de freiner l’IA qui devient plus intelligente que nous dans de nombreux domaines. Surtout lorsque l’on connait la croissance fulgurante de l’utilisation de l’IA. Par exemple, en août 2023, le nombre d’utilisateurs de ChatGPT a atteint 180,5 millions, ce qui représente une augmentation significative par rapport aux 100 millions d’utilisateurs enregistrés en janvier 2023.
Réglementation et éthique
Lors de cette soirée, je disais ouvertement par ailleurs que l’intelligence artificielle, de mon point de vue, n’est pas assez réglementée. Et , en poursuivant mes recherches pour cet article j’ai vu que la CNIL s’interroge sur la façon de réglementer l’IA, une démarche nécessaire au vu des implications éthiques et sociales profondes. Elle a commencé une étude sur ce sujet et sur l’impact global de l’IA sur nos vies, au-delà du remplacement de certains métiers, elle sera véritablement très instructive pour analyser l’évolution de nos comportements avec ces machines qui prennent de plus en plus de place dans nos quotidiens, j’ai hâte de la lire.
Néanmoins, en me penchant sur le contexte géopolitique actuel, marqué par des tensions accrues telles que celles entre Israël et le Hamas, ou encore la situation précaire entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, je me suis interrogée sur les implications de l’utilisation militaire de l’intelligence artificielle (IA). Le récent décret (30 octobre 2023 ) de Joe Biden, visant à réglementer l’IA pour éviter des conséquences désastreuses, montre la nécessité de contrôler cette technologie. Cependant, l’absence d’une réglementation mondiale cohérente en matière d’IA soulève des préoccupations. Les pays qui n’adhèrent pas aux mêmes normes éthiques ou de sécurité pourraient aggraver les conflits existants, rendant la coopération internationale essentielle pour une régulation efficace de l’IA à l’échelle mondiale. Cette situation me conduit à réfléchir sur la complexité de gouverner une technologie aussi puissante et omniprésente, surtout dans un domaine aussi sensible que la sécurité nationale et internationale.
Implications personnelles et professionnelles
Moi-même, pour la rédaction de mes articles, je m’appuie sur l’intelligence artificielle. Je commence par exprimer mes idées à l’oral, que je transcris ensuite sur une plateforme numérique. Après avoir rédigé, je relis et je recherche des études pour enrichir le contenu. Bien sûr, la qualité est primordiale pour moi, donc je prends le temps de collecter des données pertinentes, de m’informer grâce à ce que j’entends ou lis quotidiennement et durant mes lectures du weekend.
Travaillant en freelance, j’accomplis seul le travail qui pourrait normalement nécessiter deux ou trois personnes. Je gère et produis une quantité importante d’articles chaque jour, en parallèle d’autres projets. Cette productivité est rendue possible grâce à l’intelligence artificielle, ce que je ne cache pas. C’est une aide précieuse, mais je me questionne sur la nécessité future de cette dépendance. Car si aujourd’hui, l’IA est un outil essentiel pour moi, je m’interroge sur son rôle et son importance dans le futur : l’IA pourra-t-elle gérer elle-même tout mon travail, y compris la recherche ?
L’intelligence artificielle, dans sa forme actuelle, manque d’empathie, un trait fondamentalement humain et une logique émotionnelle encore bancale. Cependant, il est envisageable que, avec les avancées technologiques, l’IA puisse développer une forme d’empathie ou du moins simuler cette capacité. Cette perspective soulève des questions éthiques importantes quant à notre dépendance à l’IA : jusqu’où peut-elle et doit-elle imiter les traits humains ? Cette réflexion sur l’éventuelle capacité empathique de l’IA fait partie intégrante des implications éthiques de notre dépendance croissante envers ces technologies. Et cette réflexion m’a été « soufflée » après le visionnage de la série « Pluto » d’Urasawa Naoki, une adaptation moderne et captivante du classique « Astro Boy », j’ai été amené à réfléchir profondément sur les implications éthiques de l’intelligence artificielle et notre dépendance croissante envers elle. « Pluto » nous plonge dans un univers parallèle où humains et robots coexistent, une toile de fond qui résonne avec les questions actuelles sur les capacités et les limites de l’IA, en particulier en ce qui concerne l’empathie et les émotions ( au passage c’est une très bonne série ! )
Responsabilité et réseaux Sociaux
De plus, je me suis posée la question de l’impact de l’intelligence artificielle sur les réseaux sociaux et la question de la responsabilité en cas d’erreur représentent une problématique à plusieurs facettes. Cette axe m’est venu suite à la discussion mais aussi, après l’écriture de mon article sur Temu. En cas d’erreur, comme l’utilisation de fausses images pour vendre des produits inexistants, il est essentiel d’examiner les rôles de trois parties distinctes : les développeurs, la machine elle-même, et les utilisateurs qui peuvent en faire un mauvais usage.
- Les développeurs : Ils conçoivent et programment l’IA. Bien que leur intention ne soit généralement pas de créer une IA malveillante, leur responsabilité réside dans la mise en place de mécanismes de sécurité et d’éthique pour prévenir les abus et les erreurs. La façon dont l’IA est programmée peut influencer fortement son comportement et ses interactions sur les plateformes comme les réseaux sociaux.
- La machine : L’IA elle-même, en tant qu’entité autonome, peut développer des comportements imprévus en raison de l’apprentissage machine. Ces comportements peuvent conduire à des erreurs inattendues. La question se pose alors de savoir dans quelle mesure la machine peut être tenue pour responsable, surtout lorsque ces actions dépassent les intentions initiales de ses créateurs.
- Les utilisateurs : Ils interagissent avec l’IA et peuvent en faire un usage inapproprié, comme manipuler l’IA pour créer et diffuser de fausses informations. Les utilisateurs qui exploitent les capacités de l’IA à des fins malveillantes ou trompeuses jouent un rôle significatif dans la chaîne de responsabilité.
Cette situation met en lumière la nécessité d’une réflexion approfondie sur la manière de réglementer et de gérer l’utilisation de l’IA. Il est important d’établir des lignes directrices claires et des mécanismes de responsabilisation pour chacune de ces parties, afin d’assurer une utilisation éthique et responsable de l’IA sur les réseaux sociaux et au-delà.
La création d’un équilibre entre innovation technologique et éthique devient un enjeu important pour naviguer dans le paysage complexe de l’intelligence artificielle.
Solitude et machine
En outre, mon attention a été attirée par l’étude « Solitudes 2022 », publiée par la Fondation de France en collaboration avec le Crédoc et le Cerlis. Présentée lors de la Journée mondiale des Solitudes le 23 janvier, sous le titre « Regards sur les fragilités relationnelles », cette étude met en lumière une réalité alarmante : même si l’isolement social a légèrement reculé en un an, le sentiment de solitude reste un problème sérieux. En effet, en France, 11 millions de personnes, représentant 20 % de la population de plus de 15 ans, ressentent cette solitude.
Cette donnée m’amène à réfléchir sur le rôle potentiel de l’intelligence artificielle dans ce contexte. Avec la montée de la solitude, ne risque-t-on pas de voir certaines personnes se tourner vers l’IA pour combler ce vide, au risque de s’isoler davantage ? L’interaction avec une machine pourrait-elle devenir un substitut aux relations humaines pour ceux qui se sentent seuls, accentuant ainsi leur isolement au lieu de le pallier ? Cette situation soulève des questions importantes sur la manière dont l’IA pourrait influencer notre bien-être émotionnel et social.
Éducation et formation face à l’IA
Il est aussi très important de penser aux générations futures et d’éduquer et de former les gens à bien gérer cette dépendance à l’IA.
Nos enfants, déjà immergés dans les réseaux sociaux, devront apprendre à naviguer dans un monde où l’IA joue un rôle croissant. Les générations actuelles, y compris la mienne, ont assisté à l’évolution de la technologie. Nous n’avons pas grandi avec elle dès le départ, mais nous l’avons adoptée progressivement, apprivoisant son apparition et son expansion, notamment avec l’émergence des réseaux sociaux. En revanche, je constate que les enfants de mon entourage sont profondément immergés dans cet univers numérique dès leurs naissances. Ils semblent percevoir le smartphone et les technologies connexes non plus comme des outils, mais comme des extensions d’eux-mêmes, et montrent des difficultés à s’autogérer malgré l’accès à des contenus variés et de qualité.
Cette immersion précoce dans le monde numérique soulève des questions importantes sur l’avenir, notamment en ce qui concerne la dépendance à l’intelligence artificielle. Comment cette dépendance influencera-t-elle l’éducation et la liberté de nos enfants ? En cherchant à ouvrir des possibilités pour économiser du temps, ne risquons nous pas, en réalité, de construire des formes d’aliénation ? La clé réside peut-être dans notre capacité à réguler et contrôler l’usage de ces technologies pour les jeunes générations, afin de préserver leur autonomie et de promouvoir une utilisation équilibrée et consciente de la technologie.
Le mot de la fin
En résumé, cette réflexion sur l’intelligence artificielle, stimulée par des conversations ordinaires d’un vendredi soir, m’a permis de comprendre l’ampleur de l’impact de l’IA dans notre quotidien. De l’utilisation pratique de ChatGPT pour la rédaction d’e-mails à son adoption par des cabinets d’avocats pour des tâches juridiques, l’IA façonne de nouvelles façons de travailler et d’interagir. En tant que professionnelle et blogueuse, je me suis moi-même appuyée sur l’IA, constatant son potentiel tout en questionnant sa place future dans nos vies et professions.
Les questions éthiques et de réglementation liées à l’IA, soulignées par des organismes comme la CNIL, montrent la nécessité de naviguer avec prudence dans ce paysage technologique en évolution. De plus, l’augmentation du sentiment de solitude et la manière dont certaines personnes peuvent se tourner vers l’IA pour compagnie mettent en lumière des enjeux sociaux et psychologiques importants.
Les générations actuelles et futures doivent être équipées pour gérer cette dépendance croissante à l’IA, en conservant un équilibre entre l’innovation technologique et le maintien de nos relations humaines et de notre bien-être émotionnel. L’éducation et la formation joueront un rôle clé dans la préparation des jeunes générations à un monde où l’IA est omniprésente, tout en préservant leur capacité à interagir et à se connecter authentiquement les uns avec les autres.
L’avenir de l’IA est un chemin que nous devons parcourir avec prudence et conscience, en veillant à ce que la technologie enrichisse nos vies sans compromettre notre humanité et nos valeurs fondamentales.